10/04/2009

johnny depp sur le tournage de the rum diary à porto ricoJohnny Depp : The Rum Diary, ça vient ?

The Rum Diary : toujours annoncé mais finalement jamais réalisé – au point que le site de NBC parlait d’un début de tournage en 2003, avec, outre Johnny Depp et Benicio del Toro, la participation de Nick Nolte, puis d’autres sources l’annonçaient comme déjà tourné en 2007.
Cette fois, le coup d’envoi du tournage a été donné à Porto Rico en mars 2009.


Le casting


The Rum Diary
, adaptation du roman éponyme de Hunter S. Thompson, réunit Johnny Depp – après avoir interprété Raoul Duke dans Las Vegas Parano, il est le journaliste Paul Kemp, donc à nouveau l’alter ego de Hunter S. Thomson – Aaron Eckhart (Le Dalhia Noir, The Dark Knight), Richard Jenkins (The Visitor) et Amber Heard (The Informers, d’après Brett Easton Ellis, le film vient juste de sortir aux États-Unis et The Pineapple Express).
Le film est réalisé par Bruce Robinson qui devait déjà diriger Las Vegas Parano en 1998, pour finalement être remplacé par Terry Gilliam.


Johnny Depp producteur

Ami de Hunter S. Thomson, Johnny Depp – c’est lui qui a été le maître d’œuvre de ses funérailles – semble se couler à merveille dans l’univers du journaliste gonzo. Il avait acheté les droits du livre de longue date et en est le producteur, avec sa soeur Christi Dembrowski, via leur société Infinitum Nihil comme cela avait été le cas pour Las Vegas Parano.

La sortie de The Rum Diary est prévue pour 2010.



Sea, sex and sun… and bloody mess


Le livre écrit en 1959, ne paraîtra qu’en 1998. En France, il a été édité sous le titre Rhum express en 2000.
Le journaliste Paul Kemp débarque à San Juan, Porto Rico, pour rejoindre la rédaction de The San Juan Daily News ; une rédaction en perdition, de magouilleurs, d’alcoolos, de camés, de rebelles, qui survivent dans une société en déliquescence, minée par l’affairisme et les combines politiques et l’omniprésence délétère des États-Unis.
On retrouve beaucoup des ingrédients des futurs livres reportages de Hunter S. Thompson et son appétit pour l’autobiographie alcoolisée, mais le récit lui permet aussi d’autopsier avec sa lucidité noire – qui prendra de l’ampleur au fur et à mesure de ses publications – un univers insulaire tropical et ses valeurs de prédation et de corruption auxquels s’oppose, au-delà de ses excès, l’innocence du narrateur.

Derrière The San Juan Daily News, il y a The San Juan Star de William Kennedy, le rédacteur en chef qui était devenu l’ami – et le restera – de Hunter S. Thompson, qui arrive sur l’île comme journaliste sportif et qui travaillera ensuite, un moment, comme journaliste free lance pour The New York Herald Tribune.


Bacardi et .357 Magnum

Dans une interview donnée à MSNBC, en 2003, Hunter S. Thompson depuis sa Howl Farm du Colorado, se souvient de cette époque comme une belle époque, à la limite d'un rousseauisme caribéen : plongée sous-marine, dégustation d’énormes langoustes, jouant à l’occasion le mannequin pour la marque de rhum Bacardi et tirant sur les rats au .357 Magnum.

A lire aussi :
Hunter S. Thompson, le retour du journaliste gonzo


A visiter :
Pour les fans d'Hunter S. Thompson mais pas seulement. Un site en anglais : The Great Thompson Hunt

09/04/2009

portrait de Hunter S. ThompsonHunter S. Thompson : le journaliste gonzo est de retour dans un documentaire d'Alex Gibney

Le 20 février 2005, le journaliste et écrivain, Hunter S. Thompson, 67 ans, se faisait sauter la tête, avec un calibre .45, dans son ranch, à Aspen, Colorado. Fidèle à sa légende, quelques mois plus tard, à sa demande, ses cendres étaient dispersées sur sa propriété, à coup de canon, dans un superbe feux d'artifice. Trois ans après sa mort, un documentaire — Gonzo, The Life and Work of Dr Hunter S. Thompson – réalisé par Alex Gibney, lui rendait hommage. Bientôt en France ?

Gonzo Gonzo

L'acteur, producteur et ami de Hunter S. Thompson, Johnny Depp, est le narrateur de ce documentaire produit par Graydon Carter (rédacteur en chef de Vanity Fair), écrit et réalisé par l'excellent Alex Gibney, oscarisé en 2007 pour son documentaire Taxi for the Dark Side (diffusé en octobre 2007 sur Arte ). Alex Gibney qui avait obtenu, en 2005, une nomination aux Oscar pour un autre documentaire : Enron : The Smartest Guys in This Room.

Initialement intitulé Going Going Gonzo et rebaptisé Gonzo, The Life and Work of Dr Hunter S. Thompson, ce documentaire réunit de nombreuses vidéos, films personnels de Hunter S. Thompson, photos, lectures, et des interviews d'amis et de personnalités comme l'ancien président Jimmy Carter, George Mc Govern, le candidat malheureux à la Maison Blanche en 1972 ou Jann Wenner (rédac chef de Rolling Stone).

Interview d'Alex Gibney pendant le Sundance Festival 2008



Diffusé en avant-première au festival Sundance, en janvier 2008, le documentaire est sorti aux États-Unis à l'été 2008. A nouveau, Alex Gibney a été nommé dans la catégorie «meilleur scénario de documentaire » (2008) par la Writers Guild of America (la très influente Guilde des scénaristes).


La bande-annonce de Gonzo, The Life and Work of
Dr Hunter S. Thompson d' Alex Gibney




Alex Gibney, un émule de Marcel Ophüls


Alex Gibney, réalisateur de Gonzo, The Life and Work of Dr Hunter S. Thompson
Alex Gibney reconnait, à bien des égards, s'inspirer pour son travail de la démarche iconoclaste de Marcel Ophüls (Le chagrin et la pitié, Hôtel Terminus, Veillées d'armes...), qu'il considère comme un modèle. Dans ses deux derniers documentaires, Alex Gibney affirme un point de vue, le sien, tout en proposant une enquête sérieuse et documentée.
Dans Taxi for the Dark Side, il se penche sur l'histoire d'un chauffeur de taxi afghan, supposé terroriste, retrouvé mort après cinq jours de détention sur la base américaine de Bagram en Afghanistan. Manière pour Alex Gibney, en partant d'un « fait divers » d'interroger le comportement des troupes américaines et de l'administration Bush dans son recours à la torture.

Dans Enron, The Smartest Guys in This Room, il enquête sur l'un des plus gigantesques scandales de ces dernières années , celui de la multinationale de l'énergie, Enron, et radiographie sa banqueroute.
Alex Gibney revendique, dans ses films, l'utilisation d'un point de vue personnel. Ainsi, dans Gonzo, The Life and Work of Dr Hunter S. Thompson, Alex Gibney ne prétend pas livrer une bio académique mais livrer sa propre version de la vie de Hunter S. Thompson, replacée dans son contexte.
Certains thèmes chers à Hunter S. Thompson ne pouvaient que plaire à Alex Gibney. Car HST est un auteur plus politique que ses « frasques » et sa légende ne pourraient le laisser supposer. Ces livres, souvent nés de reportages, sont une attaque frontale contre l'hypocrisie moralisatrice de l'Amérique profonde, le constat et la description de cette fameuse « fin de l'innocence » sur fond de guerre du Vietnam, douloureuse et interminable.
C'est aussi, sur le mode ironique, la mise à nue des mensonges d'une société gangrénée qui fait coexister Flower Power et autre Summer of Love avec la barbarie au Vietnam. Hunter S. Thompson s'avère être un écrivain-journaliste politique doublé d'un moraliste qui carbure à la dope et à l'humour noir.


La bande-annonce de Taxi for The Dark Side (2007) d'Alex Gibney



La « canonisation » gonzo


Affiche française de Las Vegas ParanoAvant d'être le narrateur de Gonzo, The Life and Work of Dr Hunter S. Thompson, Johnny Depp fut le Raoul Duke, plus vrai que nature, de Las Vegas Parano (1998), adaptation de Terry Gilliam du Fear and Loathing in las Vegas de Thompson. Johnny Depp était devenu un ami proche d'HST. C'est lui qui réglera les frais des funérailles, et qui se chargera d'exécuter les dernières volontés de son ami Hunter : être « canonisé ». Environ 300 proches et aficionados s'étaient réunis pour ce départ détonant. Parmi ceux-ci, Sean Penn, Jack Nicholson, Benicio Del Toro, les candidats à la présidence des États-Unis George Mc Govern et John Kerry, le patron de Vanity Fair, Graydon Carter, les journalistes Ed Bradley et Charlie Rose ou des musiciens comme Lyle Lovett ou Jimmy Buffet. Un départ très VIP, très alcoolisé et très foire du trône un soir d'été.
Johnny Depp devait déclarer à Associated Press : « J'ai juste essayer d'accomplir ses dernières volontés. J'ai juste voulu respecter la manière dont mon pote avait décider de partir.»
Et dans son texte hommage "A pair of Deviant Bookends" paru dans le Rolling Stone consacré à la disparition d'HST, Johnny Depp espère ne pas avoir démérité et imagine que le bon docteur Hunter, usant de son expression favorite, lui déclarerait, après cette salve multicolore : « That one hell of a shot... Hot damn! Yes! »
Fin mars-début avril 2009, Johnny Depp s'est rendu à Porto Rico pour le début du tournage de l'adaption de The Rum Diary, film réalisé par Bruce Robinson, dans lequel il interprète le rôle du journaliste Paul Kemp. The Rum Diary, le deuxième roman de Hunter S. Thompson, fut écrit au début des années 1960, mais ne parut qu'en 1998.
Johnny Depp qui est également producteur sur ce projet avait acquis les droits de longue date.


La « canonisation gonzo » en son et lumière






« Mettre sa peau sur la table »


le livre Hell' Angels de Hunter S. ThompsonSelon l'expression empruntée à Céline (1), Hunter S. Thompson « a mis sa peau sur la table » et a bâti sa légende en s'engageant totalement dans ses reportages et en ne dissimulant rien des coulisses de ses aventures.
Symptomatique, son premier grand succès, qui s'est imposé dans le temps comme un livre de référence sur la Californie sixties.
Ainsi, pendant toute l'année 1965, alors qu'il vit à San Francisco, il mène la vie d'un biker (BSA, Old Turkey et gros calibre) et partage la vie des Hell's Angels d'Oakland (Californie) pour donner un de ses livres les plus mythiques Hell's Angels : The Strange and Terrible Saga of the Outlaw Motorcycle Gangs, livre qui
avec Fear and Loathing in Las Vegas (paru en France sous le titre Las Vegas Parano) suffirait à sa légende.
L'histoire se terminera brutalement. Après un différent «ethilico-financier», les Angels le laisseront quasi pour mort après l'avoir roué de coups.

C'est l'époque où le Tout-Hollywood radical-chic s'entiche des Angels. Leur leader, Ralph « Sonny » Barger joue le conseiller technique sur plusieurs films et les impresarios auprès de l'industrie cinématographique.
C'est l'époque où Roger Corman sort Les Anges sauvages (1966) avec Peter Fonda, avant que celui-ci ne tourne le culte Easy Rider (1968) avec Dennis Hopper.


Quant à Hunter S. Thompson, il va traverser les années 1960-1970 pied au plancher : alcool, drogues divers... jusqu'à être rattrapé par son mythe qui finira par occulter son travail et à nuire à la qualité de sa création. Jusqu'à ce jour de 2005, où il finira comme Hemingway avait fini, Mannlicher en main, à Ketchum (Idaho).

Ses livres ressemblent à un coup de batte balancée dans la gueule des bien-pensants, avec une mention spéciale pour Richard Nixon, « tricky dick », que Thompson poursuivra longtemps de sa hargne. Ce qui ne l'empêchera pas de déclarer en 2004 que, s'il avait du choisir entre Bush-Cheney et Nixon, il aurait finalement choisit Nixon.

Pendant la campagne présidentielle américaine de 1972 (dont il rendra compte à sa manière dans Fear and Loathing in Campagne Trail '72), il soutiendra le candidat démocrate George Mc Govern contre Nixon qui sera finalement élu.
Hunter S. Thompson, à sa façon, est un auteur politique très américain.
Mais un auteur très américain qui n'a de cesse de dénoncer dans ses livres et reportages l'imposture qu'est devenu à ses yeux « le rêve américain ».
Vu de France, il pourrait passer pour un redneck alcoolisé et dingue de calibres. Et ses contradictions sont difficiles à comprendre de ce côté-ci de l'Atlantique : car il défend à la fois le port d'armes, au nom de la Constitution et la légalisation des drogues et de leur usage.
Il se présentera en 1970 au poste de shérif dans le comté de Pitkin (Colorado), menant une campagne freaky, sous amphet', qui ferait dire, ici, qu'il abaisse le rôle des politiques et qu'il fait le lit de l'extrémisme...


Extrait de Gonzo, The Life and Work of Dr Hunter S. Thompson d'Alex Gibney.
Chapitre Hell's Angels et dialogue « viril » à la télévision



Hunter S. Thompson et son fameux fume-cigaretteGonzo, vous avez dit Gonzo ?

Plutôt qu'au journalisme, le mot, aujourd'hui, renvoie plus souvent à un type de film porno, « le gonzo », tourné à la maison, mais pas seulement, souvent avec des amateurs, mais pas seulement, et qui alignent des scènes hard sans scénario. Une sorte de porno home-made, fauché (qui peut rapporter gros) et « efficace ».

Quant au journalisme gonzo, si le terme n'a pas été inventé par Hunter Thompson, il l'a popularisé.
Il s'agit d'un journalisme à haute puissance subjectif, participatif, dans lequel le journaliste « met sa peau sur la table ». Le récit journalistique se tient à la lisière de la fiction, ou du moins il lui emprunte ses moyens techniques. Assimilé aux États-Unis au New Journalism, il a pour représentants à des degrés divers : Tom Wolfe, Norman Mailer, Truman Capote, Gay Talese...
Nous pourrions leur trouver des ancêtres aux États-Unis :
Hemingway, par exemple, dont les articles, dans les années 1930, pour Collier's ou Esquire sont déjà a leurs manières du New Journalism.
En France, on penserait à Albert Londres, ou, pourquoi pas, dès le XVIIIe siècle, faisant figure d'ancêtre, Restif de la Bretonne dans Les Nuits de Paris. Mais aucun narrateur n'a ce caractère explosif et aussi déjanté.


1) « J'ai cessé d'être écrivain, n'est-ce pas, pour devenir un chroniqueur. Alors j'ai mis ma peau sur la table, parce que, n'oubliez pas une chose, c'est que la grande inspiratrice, c'est la mort. Si vous ne mettez pas votre peau sur la table, vous n'avez rien. Il faut payer ! » Propos de Louis-Ferdinand Céline recueillis par Louis Pauwels et André Brissaud pour la Radio-Télévision Française en 1959.

À la demande de Hunter Thompson, ses cendres furent éparpillées aux accents de Mr Tambourine Man de Bob Dylan, auquel il avait déjà dédié, pour cette chanson, Fear and Loathing in Las Vegas